vendredi, octobre 07, 2016

BATAILLE POUR LE DROIT D’AVORTER AU CHILI


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MANIFESTATION EN FAVEUR DU DROIT À L'AVORTEMENT,
À VARSOVIE, EN POLOGNE, LUNDI 3 OCTOBRE 2016.
PHOTO JANEK SKARZYNSKI.
 

Jeudi 6 octobre 2016.
Une mobilisation massive a fait reculer le gouvernement polonais qui s’apprêtait à faire sauter les dérogations à l’interdiction d’avorter (autorisé uniquement en cas de viol, d’inceste, de risque grave pour le fœtus ou de danger de mort pour la femme)… La Pologne ne rejoindra donc pas la liste des pays où l’avortement est totalement illégal (voir « Statut légal de l’avortement dans le monde »), comme le Chili, toujours dans l’attente d’un vote du Sénat… Le droit des femmes à disposer de leur corps est une conquête non seulement difficile, mais fragile.  
Le droit à l’interruption de grossesse résulte d’une lutte âpre et de l’engagement d’une avant-garde éclairée, comme en témoigne le parcours de Sylvie Rosenberg-Reiner en France. Au Chili, la présidente socialiste Michelle Bachelet s’apprête à dépénaliser l’avortement pour certaines situations dramatiques (viol, malformation, etc.). Mais la loi en préparation renvoie toujours à la clandestinité des dizaines de milliers de femmes.
par Leila Miñano & Julia Pascual 
PÉNÉLOPE. – « STÉRÉOTYPE I, L’ÉPOUSE 
ET LA MÈRE. HOMMAGE À PICASSO », 2013
«J’avais 14 ans et c’était un amour d’été. Je n’avais pas conscience que je pouvais tomber enceinte. » Installée dans son salon à l’heure de la once, la collation de fin de journée au Chili, Camila — qui a requis l’anonymat, comme sa mère, présente — se plonge dans ses souvenirs autour d’un thé. « Un matin, ma mère m’a tendu un test de grossesse », raconte la jeune Santiaguina de 24 ans. Le résultat est positif. « Elle m’a dit : “N’en parle à personne. Va au collège tranquillement.” Le soir, elle m’a demandé ce que je voulais faire. » L’adolescente décide d’interrompre sa grossesse. La mère de Camila, Cynthia, poursuit : « Je l’ai prévenue que ça devait rester entre nous parce que je risquais d’aller en prison. J’ai beaucoup travaillé dans la clandestinité », ajoute cette ancienne militante du Front patriotique Manuel Rodriguez, l’aile armée du Parti communiste chilien durant la dictature. « Pour moi, ce n’est pas un problème. Mais émotionnellement, ça a été dur. »