lundi, février 18, 2008

SEMAINE DU DOCUMENTAIRE CHILIEN À PARIS


c’est avec grand plaisir que nous présentons au cinéma Le Latina à Paris la deuxième édition du cinéma documentaire chilien, avec de nouvelles œuvres qui témoignent du singulier développement de ce pays lointain. Les choses à Santiago sont en train de bouger, tel est le constat qui se dégage des films programmés. Cette renaissance certaine de la non fiction au Chili –couronnée par de nombreux prix internationaux– est une grande satisfaction pour l’équipe de la Semaine.

Autant dans la période de la dictature que dans les premières années de la transition politique, le documentaire chilien a été coupé du monde. Pendant 20 ans, le pays a perdu tout contact avec les principales sources de production internationale dans ce domaine. Il n’y entrait pas de production européenne. Il n’y entrait pas de réalisateurs (même pas leurs noms). Il n’y entrait pas de nouveaux procédés. Aucun contact ni avec les producteurs, ni avec les distributeurs, ni avec les diffuseurs dans le monde.

Aujourd’hui, la situation a néanmoins changé radicalement. Deux ou trois générations de jeunes auteurs (et de moins jeunes aussi), passionnés par les réalités de leur pays, ont renouvelé le mouvement documentaire. Ils travaillent avec un regard personnel, libre, subjectif. Chacun représente une tendance différente et cette totale indépendance artistique est leur point commun.

En 1992, le premier gouvernement démocratique a accordé plusieurs bourses d’aide aux auteurs, par le biais d’une sélection publique ouverte et pluraliste.
Cette aide qui existe encore aujourd’hui a produit un effet foudroyant dans le milieu. Actuellement, entre cinquante et soixante-dix documentaires sont réalisés chaque année. Une production stable et de qualité s’est consolidée grâce aussi à l’apport de certaines écoles de cinéma et de quelques entreprises privées.

Le point de rencontre du mouvement s’est produit lors de la création du FIDOCS, le Festival International de Documentaires de Santiago (1997) et de l’émergence de l’Association de Documentaristes du Chili (1999). C’est à partir de là que les réalisateurs ont eu la possibilité de tisser des contacts avec le monde, de connaître une partie de la production internationale, de se tenir informés, de voyager dans les divers festivals et de confronter leurs œuvres au Chili et à l’étranger.

Pourtant, la télévision locale n’a jamais soutenu ce phénomène intéressant. Les programmateurs des chaînes n’ont pas encore offert un espace valable pour le documentaire d’auteur. Eux n’achètent pas les documentaires indépendants, un point, c’est tout 2 ! Si jamais après une longue réflexion, ils décident d’acquérir une œuvre, les tarifs qu’ils appliquent sont dérisoires : environ 2 179 dollars pour un film de 65 minutes.

Sans parler des œuvres « difficiles », c’est-à-dire ces documentaires qui touchent la mémoire historique, les crimes de la dictature ou la transition politique. Dans ce cas, le refus se veut plus farfelu, les œuvres sont approuvées en principe ou sont mises au placard... Lorsque les chaînes le considèrent nécessaire, elles fabriquent leurs propres programmes autour de ces sujets polémiques, en se servant fréquemment des images d’archive des cinéastes indépendants (sans leur autorisation et sans payer leurs droits), un procédé tout à fait immoral.

Une solution globale pourra se dégager lorsque les chaînes thématiques
commenceront à fonctionner. Le gouvernement de Michèle Bachelet travaille dans cette optique et sa mise en marche est devenue imminente. Ceci aboutira sans doute à ouvrir un véritable espace pour les documentaires d’auteur.

En outre, plusieurs sociétés de distribution DVD qui tiennent à cœur le
documentaire indépendant sont en train de se consolider. Le marché de la home vidéo est en pleine expansion au Chili. De plus, deux ou trois salles ont le courage d’accueillir la Première des documentaires de ce genre. Les œuvres qui ont eu du succès font une moyenne de dix mille entrées. En 2005 « Allende » a atteint les 65 000 entrées.

Une dernière observation s’impose... On pourra s’étonner que cette semaine chilienne propose trois films produits en France et un au Québec. Il se trouve que plusieurs cinéastes chiliens travaillent à Paris ainsi qu’à Montréal. Dans les décennies 70 et 80, le cinéma du Chili en exil est arrivé à produire plus de 100 documentaires en Europe, en Afrique et en Amérique. Avec la démocratie retrouvée, et après de longues années d’activité à l’étranger, la plupart de ces auteurs sont rentrés au Chili. D’autres ont continué à arpenter le monde pour toujours. Patricio GUZMAN Paris, 24 dé́cembre 2007

Du 19 au 26 février

Semaine du Documentaire Chilien. 12 films sélectionnés et présentés par Patricio Guzmán.

Avec le soutien de l’Ambassade du Chili en France, cinéma Le Latina, DIRAC, Conseil Régional d’Île-de-France, Union Latine, Pro Chile et Francochilenos.com.

- Cofralandes ou Rhapsodie Chilienne, de Raul Ruiz(2006)
- Obreras saliendo de la fábrica (Ouvrières sortant de l’usine), de José Luis Torres Leiva (2005)
- Actores secundarios (Acteurs secondaires), de Pachi Bustos et Jorge Leiva(2004)
- Arcana de Cristóbal Vicente 80 mn / 2004
- Ningún lugar en ninguna parte (Aucun lieu dans nulle part), de José Luis Torres Leiva (2004)
- El corredor (Le coureur)de Cristián Leighton (2004)
- La Mamá de mi abuela le contó a mi abuela(La mère de ma grand-mère l’a raconté à ma grand-mère),de Ignacio Agüero (2004)
- El lado oscuro de la Dama Blanca (Le côté obscure de la dame blanche)de Patricio Henríquez
- Opus Dei, una cruzada silenciosa (Opus Dei, une croisade silencieuse), de Marcela Said et Jean de Certeau (2006)
- Perspecplejía, de David Albala (2004)
- Maria Felix l’insaisissable, de Carmen Castillo (2000)
- Le cas Pinochet, de Patricio Guzmán (2004)