mardi, décembre 26, 2006

TOLLÉ APRÈS LE TESTAMENT POSTHUME DU GÉNÉRAL PINOCHET


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Le testament posthume d’Augusto Pinochet, dans lequel l’ancien dictateur justifie le coup d’Etat de 1973 et les violations des droits de l’Homme commises sous son régime, a suscité ce lundi le tollé de l’ensemble de la classe politique. Dans ce document, dévoilé dimanche dans la presse, le général Pinochet, décédé le 10 décembre, se déclarait "fier de son énorme action", affirmant qu’un conflit est toujours la "source d’abus et d’exagérations".



Maquillage historique


Le Parti pour la Démocratie, appartenant à la coalition gouvernementale dirigé par le chef d’Etat socialiste Michele Bachelet, a dénoncé ce testament comme un "maquillage historique". "Sa publication lors de la Noël est une façon subliminale de l’assimiler au Père Noël", a ironisé Sergio Bitar, président de ce parti, estimant que l’ancien dictateur a écrit ce texte avant les poursuites judiciaires lancées à son encontre. Pour le sénateur socialiste Alejandro Navarro, "le doute qui aurait dû tourmenter (Pinochet) est de savoir s’il aurait faire ce qu’il a fait sans tuer personne". 

Explication insatisfaisante 

Même les formations de la droite chilienne, actuellement dans l’opposition, les partis de la Rénovation nationale (RN) et de l’Union démocrate indépendante (UDI) qui ont soutenu à l’époque le coup d’Etat, n’ont pas ménagé leurs critiques à l’encontre du testament politique de l’ancien homme fort du Chili, qu’il a dirigé d’une main de fer en 1973 et 1990. Carlos Larrain, président de la RN, a jugé lundi que l’explication avancée par l’ex-dictateur était "insatisfaisante", tandis que le député Cristian Monckeberg, du même parti, limitait sa portée à celle d’un "document historique". "Il n’a aucune influence ou pertinence dans la politique actuelle", a estimé le député. 

Crimes et torture 

Poursuivi pour des crimes contre des opposants politiques ainsi que pour fraude fiscale, le général Pinochet, dont le régime est tenu responsable de la mort ou la disparition de quelque 3.000 personnes et de plus de 30.000 cas de tortures, est décédé à l’âge de 91 ans sans avoir jamais été condamné. Selon le président de la UDI, Hernan Larrain, le testament de Pinochet ne dit rien de ce qui s’est déroulé à partir de 1974 alors que les violations contre les droits de l’homme, les tortures et les disparitions ont continué sans qu’existent les conditions de 1973". "Dans ce sens, il y a un vide dans sa lettre, on aurait souhaité un plus ample commentaire", a-t-il observé. 

"Fier" de ses actes 

Le général Pinochet, auteur du coup d’Etat qui renversa le 11 septembre 1973 le président socialiste Salvador Allende, affirme dans son testament avoir lutté contre l’instauration du communisme au Chili. "En toute sincérité, je déclare être fier de l’énorme action qu’il a fallu entreprendre pour empêcher le marxisme-léninisme de prendre tout le pouvoir", indique son testament rendu public par la fondation Augusto Pinochet, consacrée à la mémoire de l’ancien dictateur. 

"Abus et exagérations" 

L’ex-dictateur souligne aussi, dans ce document de cinq pages tapé sur ordinateur, qu’il sera difficile de comprendre "le comment et le pourquoi" des morts et disparitions survenues durant le régime, assurant qu’"il n’y a pas eu de plan institutionnel pour cela". "Les conflits graves sont et seront toujours ainsi : la source d’abus et d’exagérations", tranche Pinochet dans ce message posthume à la nation.