mercredi, novembre 29, 2006

Surprenante progression des forêts

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Dans de nombreux pays, les forêts ne perdent pas du terrain mais en gagnent – contrairement à une idée communément répandue. Une étude récente révèle en effet que, si la majorité des pays les plus boisés du monde continuent à perdre des arbres, le nombre de ceux où les forêts s’étendent ne cesse d’augmenter. L’étude dont sont tirées ces conclusions a été réalisée entre 1990 et 2005 et porte sur les 50 pays les plus boisés du monde. Elle montre que les surfaces boisées sont en progression dans 18 pays et que la biomasse forestière a augmenté dans 22 d’entre eux. “Il y a une tendance à
l’amélioration des forêts, tant pour ce qui est de la surface couverte que pour leur état de santé”, précise Roger Sedjo, de Resources for the Future, un institut de recherche indépendant implanté à Washington. Selon lui, l’augmentation des rendements agricoles réduit les besoins en terres pour nourrir les populations, ce qui permet aux forêts de repousser sur l’espace libéré.
Il ressort de ces données que les pays relativement riches, en l’occurrence ceux dont le PIB par habitant est supérieur à 4 600 dollars, par exemple le Chili, ont tous un “stock sur pied” (nombre d’arbres assez grands pour être commercialisés) de plus en plus important. Certains pays plus pauvres semblent mieux gérer leurs forêts que d’autres, ce qui indiquerait qu’une bonne gestion forestière ne dépend pas uniquement de la richesse d’une nation.
Pour Mark Aldrich, du programme Restauration des forêts du WWF, l’étude de Roger Sedjo et ses collègues est très intéressante et solidement documentée. Il rappelle cependant que d’énormes étendues de forêts naturelles continuent à être coupées dans beaucoup de régions. L’une de ses principales conclusions est que les deux pays qui ont subi les plus grandes pertes en surface boisée et en stock sur pied sont le Brésil et l’Indonésie. Or les forêts plantées par l’homme ne sauraient remplacer les forêts naturelles, à la fois à cause du niveau de biodiversité que celles-ci abritent et des multiples façons dont elles subviennent aux besoins des populations locales. Par ailleurs, et toujours selon Mark Aldrich, certains problèmes relatifs aux renseignements fournis par la FAO pourraient avoir faussé les résultats de cette étude.
En effet, l’organisation internationale recueille ses données auprès des gouvernements des différents pays, et ceux-ci n’ont pas toujours recours à des définitions standardisées pour décrire leurs forêts.
Catherine Brahic
New Scientist

REQUIEM POUR MILTON FRIEDMAN



Je crois au dieu dollar tout-puissant, créateur du Ciel et de la Terre, et en Milton Friedman, son Fils unique, notre Seigneur… Ainsi ironisait ma génération sur les Chicago Boys*, qui présidaient alors aux destinées du Chili, par l’intermédiaire de Pinochet et des théories de l’économiste le plus influent de notre siècle. Cette même génération qui a payé le prix du grand saut dans la croissance, qui s’est retrouvée sans diplômes universitaires et sans gloire, non pas qu’elle n’était pas capable, mais parce qu’elle n’avait pas de quoi se payer l’université. Mais, dans toute bataille, il y a des gagnants et des perdants : mes contemporains ont perdu et le libéralisme économique a gagné. Cela ne m’empêche pas de trouver Milton sympathique. Sa disparition [le 16 novembre, à l’âge de 94 ans] plonge ses adeptes dans la douleur et suscite une grimace de joie mal dissimulée dans toute la gauche contemporaine, rénovée ou non, qui assiste à la chute du plus grand théoricien du camp adverse.
Rafael Cavada
«MILTON FRIEDMAN: LE PÈRE FIER
DE LA MISÈRE MONDIALE »
Je crois à la sainte mère économie du libre marché, à la libre concurrence et aux taux de change, à l’annulation des dettes des grandes banques et holdings, aux prêts à taux préférentiels pour mes propres entreprises et à l’aide fiscale pour mes amis…

Ce qui précède est de mon cru et ne se fonde que sur une appréciation arbitraire de la réalité, et aussi sur des cas isolés comme celui du Banco Nacional et des entreprises de Fra Fra [Francisco Javier Errázuriz, sénateur et homme d’affaires], ou encore sur la privatisation des entreprises d’Etat dans les dernières années de la dictature [entre 1985 et 1989]. Parce que la théorie économique est une chose, et ceux qui l’appliquent en sont une autre. Dieu sait s’il est facile de faire passer son propre profit pour de l’avant-garde économique. Souvenons-nous de Victor Tchernomyrdine, qui, après avoir été le dernier ministre de l’Energie de l’Union soviétique, est devenu le plus grand magnat de l’énergie de la nouvelle Russie capitaliste et libre. Heureusement, au Chili, les privatisations ont été propres et transparentes. La plupart d’entre elles ont été réalisées sur la base de la valeur des entreprises, calculée par les acquéreurs ou leurs amis.

Il est regrettable que la loi conçue par Pinochet [loi sur la sécurité intérieure de l’État, partiellement abrogée en 2002] ne permette pas d’enquêter. Si l’on pouvait le faire, tout le monde saurait que la transparence a été totale, qu’il n’y a pas eu le moindre soupçon de mauvaise foi ou de délit d’initié.

Je crois que les pauvres sont pauvres parce qu’ils sont fainéants, je crois que Dieu a fait certains d’entre nous meilleurs que les autres, je crois à l’éternelle morale hypocrite, à la répression des dissidents et à la supériorité de ma classe sociale, amen… Pauvre Milton. Obligé de dire que sa théorie était incompatible avec l’absence de démocratie.

Et cela une fois que notre système de retraites eut été encensé et sacralisé. Un système [privé] qui bénit ceux qui gagnent de l’argent et condamne au feu éternel de la misère les enfants de la main-d’œuvre non spécialisée. Pauvre Milton, condamné également à être considéré comme l’inspirateur d’une bande de pillards. Pauvre Milton, auteur d’une théorie économique qui prévoyait un chèque éducation pour que chaque père (ou chaque mère, n’oublions pas la parité) puisse élever ses enfants correctement. Il est clair qu’au Chili on n’a pas entendu ce message et c’est pourquoi notre système éducatif crée des alphas, des bêtas et des deltas comme dans Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley. Pauvre Milton, qui s’est opposé à la pression des groupes en tout genre, et qui a été béatifié par les plus grands représentants de la pression illégitime. Elevé au rang de symbole de la liberté individuelle par ceux-là mêmes qui ont fait de la dette une forme d’esclavage et de soumission nouvelle et bien plus sûre.

Pauvre Milton, héritier direct d’Adam Smith [le premier théoricien du libéralisme, au XVIIIe siècle], comme lui sacré idole totémique de la classe politico-patronale, alors que le second soutenait que les chefs d’entreprise ne devaient jamais se mêler de politique et que le premier était favorable à la libéralisation des drogues. On dirait une plaisanterie. Le principal maître à penser de nos dirigeants, qui font le signe de croix dès qu’ils entendent parler de la pilule du lendemain, était un défenseur acharné de la toxicomanie ! Mais, bien sûr, le théoricien est une chose, et celui qui applique sa théorie en s’en mettant plein les poches au passage en est une autre.
 


Rafael Cavada, 38 ans, est chroniqueur au quotidien chilien La Nación et journaliste de télévision. Il s’est fait connaître en couvrant le conflit en Irak pour la chaîne publique TVN. Cavada, présent lors du tir américain sur l’hôtel Palestine à Bagdad le 8 avril 2003, qui a tué deux journalistes, était rentré au pays en véritable héros.

* Friedman était le chef de file de l’école de Chicago, du nom de l’université où il enseignait. Ses disciples étaient surnommés les Chicago Boys. La Nación

lundi, novembre 27, 2006

Firefox



Qui ne connaît pas encore Firefox ? En 2 ans, ce navigateur "allégé" de la fondation Mozilla a su s’imposer comme un rival réel du vieillissant Internet Explorer, le dépassant en fonctionnalités, même dans sa toute dernière version !

Pour un passage en douceur du navigateur d’origine, Firefox importe les préférences du précédent navigateur, pour ensuite lui donner une liberté de navigation telle que revenir sur Internet Explorer lui sera impossible (même si la toute dernière version est enfin supportable, elle intègre les onglets avec 5 ans de retard).






Parmi les caractéristiques de Firefox, on notera (les nouveautés apportés par la version 2.0 sont en gras) :

  • L’ergonomie : une barre spéciale permet d’afficher les signets les plus utilisés en boutons, possibilité de changer rapidement la grosseur des caractères d’affichage (c’est un "zoom" bien pratique), la plus ample largeur d’écran de tous les navigateurs,
  • L’intégration immédiate de plusieurs moteurs de recherche dont Google (suggestions de recherche incluses), et la possibilité d’en rajouter ou en enlever. Et si vous naviguez sur un site proposant son moteur sur Firefox, vous en serez même alerté avec cette version 2.0 !
  • La restauration de session : en cas de fermeture brutale, ou en le paramétrant, Firefox restaurera toutes les pages internet que vous étiez en train de lire avant sa fermeture.
  • Un correcteur orthographique intégré, bien pratique lorsque l’on écrit sur un forum, par exemple.
  • Le blocage des popups (ce n’est pas du luxe ! ).
  • Le blocage des sites contrefaits (le "phishing"). Ceci évite d’aller sur un site contrefait de banque, par exemple, et de divulguer sans le savoir de précieuses informations .
  • La navigation par onglets, qui permet de lire tranquillement une page pendant qu’on en charge une autre en arrière-plan (dès qu’on découvre cette fonction on ne peut plus s’en passer). De plus, avec la version 2.0, il est possible de récupérer le dernier onglet fermé en cas de mauvaise manipulation, chaque onglet possédant son icône de fermeture et leur organisation est plus claire.
  • Gestion pratique et transparente du cache, de l’historique et des cookies
  • La mémorisation des formulaires
  • Un téléchargement automatisé des pages visitées (fonction "AutoDownload" qui va direct dans l’emplacement de votre choix)
  • La gestion de la souris cinq boutons
  • Un nouveau thème par défaut remplaçant l’ancien Winstripe. Si le nouveau thème ne vous convient pas, il est possible bien sûr de choisir et de télécharger d’autres thèmes.
  • Un gestionnaire unique de thème et d’extensions, permettant de gérer ceux-ci. Accessible depuis Outils->Modules Complémentaires, il permet d’ajouter de multiples fonctionnalités à Firefox !
  • La présence d’un système d’aide avec quelques captures d’écran. C’est fort pratique notamment pour les gens qui découvrent Firefox. L’aide comprend également une aide particulière pour les utilisateurs du navigateur "Internet Explorer" : sont indiquées les différences terminologiques entre les deux navigateurs mais aussi les caractéristiques particulières et avantageuses (autrement dit les atouts) de Firefox.
  • Un assistant de migration pour les autres navigateurs web. A l’issue de l’installation de Firefox, un assistant vous propose d’importer les options, les liens, l’historique, les mots de passe et d’autres données provenant d’Internet Explorer, de Netscape Navigator 6 ou 7, de Mozilla 1.x ou d’une précédente version de Firefox. Vous avez également la possibilité de ne rien importer si tel est votre choix.
  • Une plus grande rapidité de fonctionnement, et la gestion de la mémoire a été améliorée avec la version 2.0.
  • Des marque-pages dynamiques permettant l’intégration des flux de syndication RSS (Really simple syndication). Ainsi, vous pouvez suivre l’actualité en temps réel et accéder aux toutes dernières actualités de vos sites préférés. Avec la version 2.0, vous pouvez même choisir comment voir vos flux RSS : à l’intérieur du marque-page, avec votre lecteur de news, ou sur votre site favori.
  • Des corrections de sécurité et de quelques bogues
  • La disponibilité de Firefox dans de nombreuses langues (39 avec cette version 2 !)
  • La fonction glisser-déposer pour les onglets : cette fonction est très puissante car elle permet non seulement de repositionner ses onglets, mais permet également de mettre un site en marque-pages en déposant l’onglet dans les marque-pages, de copier l’adresse d’un site Internet en déposant l’onglet dans un document texte ou encore de passer un onglet d’une fenêtre de FireFox à une autre fenêtre (de FireFox ou d’un autre navigateur)
  • Un bouton Vie privée dans le menu Outils, afin de vous facilité la gestion de vos cookies [1], du cache, ... Vous pouvez de même effacer vos traces automatiquement en quittant le logiciel.
  • le support en natif du format SVG [2]
  • Un système de mise à jour qui permettra de ne télécharger que les éléments utile et non plus toute l’application lors des mises à jour
  • Une gestion des feuilles de style en cascade, notamment au niveau de la norme CSS3 [3]

Bref, de l’excellent et bien entendu disponible sur de nombreuses plates-formes : Macintosh, Linux, Windows. D’ailleurs pour les utilisateurs de Windows, qu’on ne vous y reprenne pas à arriver encore sur ce site avec Internet Explorer ! [4] (d’autant que le site est graphiquement plus "joli" avec Firefox).

Avec l’arrivée et l’évolution permanente du navigateur libre Firefox (respectant au mieux les standards et conçu d’une manière sécurisée), les webmasters et les internautes peuvent désormais se réapproprier les ressources du Web, et contribuer à ce que le média Internet reste moderne, ouvert et standard.

Un dernier petit ajout malicieux : un gif animé qui résume notre position (Daniel Glazman).


LETTRE OUVERTE À LA PRÉSIDENTE MICHELLE BACHELET

Cela fait plusieurs mois que nous nous sommes rencontrées, assises sous le soleil de Quilicura. Vous êtes venue vous joindre à notre famille dans un de ces moments durs de notre vie, le trentième anniversaire de la mort de notre frère, oncle et père, le professeur Manuel Guerrero. Je sais que pour vous aussi c’était une date douloureuse. A cette date fut aussi assassiné José Manuel Parada, le mari d’une de mes meilleures amies, Estela Ortiz. Pour cela, je vous ai crue quand vous avez souligné que notre pays a besoin de construire justice et mémoire. Que la persécution politique, dont vous et votre famille fûtes victimes, n’a pas sa place dans une vraie démocratie, mature et capable de trouver des consensus dans les dissensions. Moi aussi je crois en cela.

Alors, dans un Chili qui respecte les différences, qui promeut la responsabilité civique, qui accueille les laissés pour compte, favorise l’intégration, qui forge des jeunes conscients d’eux mêmes et de la société, et qui sous aucun prétexte ne soutient la discrimination, sans aucun doute, nous aurons aussi des différences, des distances. Des expériences qui divergent, qui nous marquent. Vous êtes fille de général, moi d’ouvrier. Vous fûtes torturée, moi pas.

Mais nous avons aussi des choses en commun. Toutes les deux nous sommes mères et nous avons élevé seules nos enfants. Toutes deux nous rêvons d’un pays différent, à notre manière chacune, de ce qu’il est. Toutes deux nous voulons que nos filles puissent grandir dignes, libres, sans les horreurs que nous avons vécues. Amantes de la vie. Sans blessure ni ressentiment. Sans dette, sans espoir brisé. Sans la sensation d’être dans un pays qui n’arrive pas encore à consolider la démocratie comme un acte quotidien de respect et d’acceptation.
C’est pour tout cela, que je ne comprends pas votre silence, surtout parce que c’est un silence qui protège la discrimination, la persécution politique.

Tout ce que nous combattons, au-delà des sentiers que nous prenons aujourd’hui. Qui sait, peut être, si un jour nous irions jusqu’à marcher ensemble le long de l’Alameda ?

Ma fille, Francesca Vargas, est une très bonne élève du Lycée 1. Elle a une moyenne de 6,8. Peut être même a-t’elle de meilleur notes que vous en avez eues. En fait, elle veut faire médecine. Aujourd’hui, je ne sais pas si elle pourra le faire.

Elle a été exclue, comme d’autres garçons et filles. Et dans aucun bon lycée elle ne sera admise. Je suis professeur et je ne peux pas payer un lycée privé. Francesca, dont le seul délit a été de défendre ses idées politiques, je l’entends aussi parler de mémoire et de justice. Dans un pays pour tous, aujourd’hui je l’entends se taire avant la persécution.

Probablement, quand le conflit scolaire a éclaté en début d’année, vous aviez d’autres préoccupations. Mais moi, ce conflit est ma préoccupation. Je ne comprends pas qu’un gouvernement démocratique permette qu’un ex-ministre de Pinochet et un maire de droite puissent continuer la même politique qu’avant. Je ne le comprends pas.

Allons-nous enseigner à nos enfants qu’il vaut mieux le silence ? Est-ce pour cela que nos pères ont lutté ? La leçon serait-elle que chacun doit sauver sa peau ? Que la trahison compte aussi ? Que si un jeune modeste veut être médecin, la loyauté importe peu ? Que le meilleur compromis est de fermer les yeux devant l’injustice ? Dans ce pays, que voulons-nous ?

La vérité est que je ne sais pas si cela a un sens de se poser d’autres questions.


Vous les connaissez mieux que moi. Vous connaissez aussi vos réponses.


Le fait est que vous pouvez prendre les décisions qui nous rendent le bon sens démocratique et moi pas. Vous pouvez exercer le pouvoir que nous vous avons donné sur le pays et moi pas. Vous nous avez tenu la main à l’endroit où moururent ceux que nous aimions. Faites que cela ait un sens. Que ma fille et ses camarades puissent retourner à leurs salles de classes.

Merci d’avoir lu cette lettre.
Cordialement,

Libertad Welbel, Professeur. Santiago du Chili, 30 octobre 2006.

Traduction :Cecilia Mancilla

samedi, novembre 25, 2006

Mapuches s'en prennent à Microsoft


Les Indiens Mapuches du Chili assignent actuellement en justice Microsoft qui a soulevé la question de savoir si tout un chacun peut s'approprier leur dialecte.

Cette problématique est née de la décision de la firme de Redmond le mois dernier de développer un pack pour Windows en Mapuzugun, la langue parlée par 400 000 mapuches présents principalement dans le sud du Chili.

Au lancement de ce pack dans la ville de Los Sauces, au sud du pays andin, Microsoft a indiqué qu'il voulait aider les Mapuches à embrasser l'ère numérique et à " ouvrir une fenêtre de manière à ce que le reste du monde puisse accéder aux richesses culturelles des indigènes ".

Mais les leaders Mapuches ont accusé le géant des logiciels de violer leur héritage culturel et collectif en traduisant le système d'exploitation sans leur permission. Ils ont même envoyé une lettre à l'éditeur l'accusant de " piratage intellectuel ". Selon Aucan Huilcaman, un des leaders Mapuches, " nous estimons que Microsoft et le ministre chilien de l'Education nous ont ignorés en décidant de mettre en place un comité pour étudier la situation sans notre consentement, sans notre participation et sans aucune consultation ", ajoutant que " ce n'est pas la bonne façon pour arriver à ses fins ".

Pour le moment, le groupe Microsoft n'a pas souhaité commenter cette affaire, indiquant qu'il n'en ferait qu'une fois l'affaire terminée. L'éditeur a déjà traduit Windows dans des douzaines de langues amérindiennes par le passé, comme le Mohawk ( langue iroquoise parlée par les Agniers ), le Quechua et l'Inuktitut ( langue de l'Arctique oriental canadien ) mais n'a jamais rencontré ce genre de levée de boucliers.


Microsoft indélicat ?
Cependant, d'après Reuters, Microsoft aurait éventuellement pu prévoir cette situation, les Mapuches étant généralement réputés pour leur " hargne ". Historiquement, ils ont réussi avec succès à contrer l'invasion des Incas qui tentaient de coloniser leurs terres, et avaient également repoussé les Espagnols pendant plus de deux siècles.

Les Mapuches ont déposé cette affaire dans un tribunal de Temuco dans le sud Chili mais le juge local a considéré que son examen devait avoir lieu à Santiago. D'ici deux semaines, un juge de la capitale chilienne se prononcera pour déterminer si Microsoft doit répondre à la demande du peuple.

" Si le jugement est en leur faveur, nous irons à la Cour Suprême, et si à nouveau ils l'emportent face à nous, nous porterons cette affaire à la Cour des Droits de l'Homme " a assuré Lataro Loncon, activiste mapuche et coordinateur de l'Indigenous Network qui constitue un porte-voix pour plusieurs groupes ethniques au Chili.

Huilcaman a exhorté le gouvernement chilien, qui supporte l'action de Microsoft, à faire du Mapuzugun une langue officielle aux côtés de l'espagnol. " Sinon, nous craignons que l'on court le risque de voir notre langue connaître la même destinée que le latin, parlé uniquement dans les unversités. " a t-il alerté.

Le Mapuzugun est parlé par deux tiers des Mapuches chiliens qui constituent 4 % de la population totale. Selon Reuters, il apparaît cependant que la plupart des Chiliens trouve qu'il est absurde de réclamer des drois de propriété intellectuelle pour leur langue, et pensent au contraire que les Mapuches devraient être ravis de la voir utilisée sur Internet. Source

jeudi, novembre 23, 2006

Quand les banquiers centraux doutent des bienfaits du libéralisme


Tous les ans, à la fin de l’été, les gouverneurs des banques centrales des grands pays se réunissent à Jackson Hole, aux Etats-Unis, pour discuter des affaires du monde. Or la surprise fut grande, en août dernier, d’y entendre nos élites monétaires, si souvent promptes à chanter les vertus innées du libéralisme économique, afficher désormais leurs doutes.

Ben Bernanke, le gouverneur de la Réserve fédérale américaine, a ouvert le bal. Sa contribution se proposait de repérer ce qu’il y a de commun et de différentdans la mondialisation contemporaine par rapport aux épisodes précédents de mondialisation [1]. Le ton a surpris dès le début, avec une phrase largement reprise et commentée dans la presse anglo-saxonne. Face aux partisans de la «mondialisation heureuse » et à ceux de « l’horreur économique », Bernanke
commence par affirmer que si « le rythme des changements économiques mondiaux a été stupéfiant au cours des dernières décennies […], les implications totales de ces changements sur tous les aspects de notre vie ne seront pas connus avant de nombreuses années ». En clair, nos élites politiques poussent depuis plus de vingt ans à la mise en œuvre d’un libéralisme économique auquel nous sommes sommés de nous adapter sous peine d’archaïsme mais dont personne ne peut
mesurer les effets et que nous ne serons à même de connaître que dans longtemps…

Cela dit, il est un effet du libéralisme économique sur lequel Ben Bernanke a été très clair dans la suite de sa présentation : « une dislocation sociale, et la résistance sociale qui l’accompagne souvent, peut survenir lorsque les économies s’ouvrent ». C’est d’ailleurs là l’un des points communs aux différents épisodes de mondialisation. A la fin du XIXe siècle, rappelle le gouverneur, les propriétaires terriens anglais, français et allemands ont vu le rendement de leurs terres s’effondrer par le recours aux investissements dans les pays émergents de l’époque (Australie, Argentine…). Aujourd’hui, les effets
redistributifs de l’ouverture internationale s’effectuent au détriment des travailleurs les moins qualifiés, mais inquiètent aussi les cadres, confrontés aux ressources humaines des pays de l’Est ou d’Inde bien formées et moins chères. La mondialisation économique suscite également des inquiétudes quant à
ses effets sur l’environnement et la capacité des pays les plus pauvres à pouvoir en profiter, souligne Bernanke.

A ce sujet, Raghuram Rajan, l’économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), a lui aussi tenu à lancer son pavé dans la mare [2]. Il y a trois ans, Kenneth Rogoff, prédécesseur de Rajan, avait déjà surpris le petit monde des économistes en publiant une étude démontrant que l’ouverture financière internationale n’avait pas d’effet positif sur la croissance des pays du Sud. Rajan récidive : « les pays en développement qui ont relativement plus recours aux capitaux étrangers n’ont pas crû plus vite sur le long terme et ont même crû mois vite » ! Mieux : on pourrait s’attendre au moins à ce que les capitaux aillent en priorité vers les pays qui croissent le plus vite, ceux qui sont le plus susceptibles de fournir de meilleures opportunités d’investissement. Il n’en est rien : « sur les trente dernières années, le montant net de capitaux étranger se dirigeant vers les pays croissant relativement plus vite a été inférieur à ceux allant vers les pays à croissance moyenne ou faible».

Avec, en point d’orgue de l’étude, la constatation qu’à
l’inverse de toutes les prévisions de la théorie économique dominante, les pays du Sud exportent depuis plusieurs années plus de capitaux au Nord qu’ils n’en reçoivent de ce dernier.

Le moins que l’on puisse dire est que le ton de nos banquiers centraux n’est plus à l’euphorie en ce qui concerne les bienfaits innés de l’ouverture commerciale et financière. Dans ces conditions, conclut Bernanke, le défi des hommes politiques est d’arriver à lutter contre tous ces effets pervers pour obtenir un consensus politique en faveur de la mondialisation. Mais, comme il l’affirme en fin de discours, « construire un tel consensus sera loin d’être facile, tant aux niveaux nationaux qu’au niveau mondial ». C’est dit : le libéralisme économique ne fait plus consensus.
Christian Chavagneux

(1) « Global economic integration : what’s new and what’s not ? », par Ben S.
Bernanke. Tous les documents de la conférence sont disponibles sur
www.kansascityfed.org/PUBLICAT/SYMPOS/2006/sym06prg.htm
(2) « Patterns of international capital flows and their implications for
economic development », par Eswar Prasad, Raghuram Rajan et Arvind Subramanian.


L'Economie Politique N° 32, 4e trimestre 2006, 10,75 euros

vendredi, novembre 17, 2006

MILTON FRIEDMAN EST MORT

L'ÉCONOMISTE AMÉRICAIN MILTON FRIEDMAN,
LE 10 DÉCEMBRE 1976, JOUR OÙ IL REÇUT
 LE PRIX NOBEL D'ÉCONOMIE

Peu d'économistes ont fait naître autant de controverses. Milton Friedman, grand défenseur du libéralisme et Prix Nobel d'économie en 1976, est mort à l'âge de 94 ans, jeudi 16 novembre à San Francisco, a-t-on appris auprès du centre de recherche néolibéral Cato Institute, dont Milton Friedman fut l'un des inspirateurs.

Né à New York d'une famille d'immigrants juifs venus d'Ukraine, Milton Friedman a d'abord fait des études en mathématiques, puis en économie. En 1946 – l'année de la mort de John Maynard Keynes –, il obtient un doctorat en économie à l'université Columbia de New York.

Il était surtout connu pour avoir fondé, en 1948, l'école de Chicago, une équipe de purs et durs du libéralisme, qui inspira notamment la doctrine économique de plusieurs dictateurs d'Amérique latine. L'un des épisodes les plus controversés de sa vie reste d'ailleurs son voyage au Chili, en 1975, où il avait rencontré le dictateur Augusto Pinochet.

Il obtient la reconnaissance du grand public dans les années 1962-1964, lorsqu'il devient le grand inspirateur de la politique économique de Ronald Reagan, et, indirectement, de Margaret Thatcher.

CHANTRE DE LA PRIVATISATION ET DE LA FLEXIBILITÉ

Sa pensée s'articulait autour de quelques grands principes, au premier rang desquels l'idée selon laquelle l'inflation s'explique toujours par une augmentation de la quantité de monnaie en circulation. Dans cette optique, il professait un rôle limité de l'Etat en matière monétaire et jugeait inefficaces, voire nuisibles à long terme, les politiques de relance. Parmi ses idées controversées, il plaidait aussi pour une diminution des dépenses sociales de l'Etat-providence, une privatisation des entreprises publiques et une flexibilité de l'emploi et des salaires – voire la liberté de choix dans le domaine de l'éducation et la libéralisation de la drogue. En 1977, il était devenu le gourou de l'Institut Hoover à l'université de Stanford, en Californie.

"Milton Friedman a révolutionné la pensé économique dans le monde", a réagi Jamie Dettmer, du Cato Institute. "Si Keynes a dominé la pensée économique au milieu du XXe siècle, Friedman domine la pensée économique à la fin de ce siècle et il le fera à l'aube de ce nouveau siècle", affirme M. Dettmer.

Parmi les ouvrages les plus connus de cet économiste qui aimait à dire avec une pointe de provocation "s'il faut privatiser ou élaguer une activité publique, faites-le complètement", on trouve notamment La Théorie quantitative de la monnaie et La Tyrannie du statu quo.

Milton Friedman, qui, selon le Wall Street Journal, a succombé à une crise cardiaque à son domicile, était marié et père de deux enfants.

MORT DE L'INSPIRATEUR ÉCONOMIQUE DE REAGAN, THATCHER ET PINOCHET.


Peu d'économistes ont vu leur nom associé d'aussi près à des politiques. Il y eut Keynes, bien sûr, et, de manière presque symétrique, Milton Friedman. Celui qui a inspiré l'action de Ronald Reagan, dont il a été un conseiller, et de Margaret Thatcher s'est éteint hier à San Francisco, suite à un problème cardiaque, à l'âge de 94 ans. Prix Nobel d'économie en 1976, il fut le défenseur inlassable de l'ouverture des marchés, de la réduction des impôts et des dépenses publiques. Une position qu'il aimait résumer par cette simple phrase : «Personne ne dépense l'argent de quelqu'un d'autre aussi consciencieusement que le sien.» Manière de signifier que la dépense publique impliquerait nécessairement gaspillage et inefficacité.

Banques centrales. 

Friedman est le principal représentant du courant monétariste. Selon lui, il existe un lien étroit et stable entre la quantité de monnaie en circulation et l'inflation. La hausse des prix peut ainsi être contrôlée en réglant cette quantité de monnaie, tâche qui revient aux Banques centrales au moyen de la fixation des taux d'intérêt directeurs. Aujourd'hui, les principales d'entre elles ont pour priorité d'éviter l'inflation, une mission héritée de cette théorie. L'économiste s'est fait connaître en 1962 avec son livre Capitalisme et liberté. Il y prône un gouvernement dont le rôle se limiterait à fixer les règles du jeu et à veiller à leur application. «Les marchés réduisent considérablement l'éventail des sujets qui doivent faire l'objet d'une décision politique et, en conséquence, minimisent le besoin de participation directe du gouvernement.»


Né à New York en 1912, il fut embauché en 1946 comme enseignant à l'université de Chicago. Il y restera jusqu'en 1976 et devint le chef de file de ce qu'on appela par la suite «l'école de Chicago», un groupe d'économistes aux convictions monétaristes et libérales. C'est en 1956 qu'il formalise la théorie monétariste, en affirmant dans un ouvrage que l'augmentation de la quantité de monnaie, si elle a un effet à court terme sur la production et l'emploi, n'a d'autre impact à long terme que l'augmentation des prix. Un an plus tard, il s'en prend à un autre aspect de la théorie keynésienne en montrant que la consommation ne dépend pas du revenu immédiat des gens, mais de l'anticipation qu'ils font de leurs revenus tout au long de leur vie.

Prostitution. 

En 1975, Friedman fait un voyage controversé au Chili, avec d'autres professeurs de son université, pour y rencontrer Augusto Pinochet. Un an plus tard, la cérémonie de remise du prix Nobel à Stockholm se déroulera sur fond de manifestations critiquant l'économiste pour ses conseils prodigués au dictateur chilien. En théoricien accompli, Milton Friedman soutenait la dépénalisation des drogues ou la libéralisation de la prostitution. Il s'est également montré sceptique au moment de la création de l'euro, aux allures de monopole monétaire contraire à un libre marché des changes entre les devises.

Jusqu'à sa mort, Friedman n'a jamais été ébranlé dans ses convictions. Interrogé en juin 2004 par le Wall Street Journal, il répondait que «réduire la taille et l'étendue du gouvernement» restait le principal défi économique. Et il affichait une confiance totale dans la mondialisation pour réduire «les différences entre les pays» et permettre à ceux du Sud de «parvenir à la croissance économique et à la prospérité».

Par Laurent MAURIAC

mercredi, novembre 08, 2006

Les enseignants et les tensions associées aux évaluations des établissements scolaires


élèves du collège Carlos Salines Lagos de Talca
Photo: Juan Carlos Romo - El Mercurio

Diego Duran Jara, Université catholique de Louvain

Nous observons, face à la montée en puissance du concept d'évaluation dans le contexte des organisations éducatives et le nouveau rôle assumé par l'Etat, qu'un certain état d'incertitude se situe au coeur des établissements scolaires, ayant les enseignants comme acteurs principaux. Il s'agit d'évaluations visant à mesurer la qualité de l'éducation des établissements.

Cette recherche exploratoire met l'accent sur la perception des enseignants, à l'égard de leur confrontation à cette incertitude et la manière dont ils y répondent. Cette démarche est développée dans un cas particulier : le Chili et son système d'évaluation de la qualité, le SIMCE.

À partir d'une base théorique, qui comprend les courants "School effectiveness et School improvement", les organisations apprenantes et l'analyse stratégique des acteurs, cette étude vise la compréhension des processus internes des organisations face aux évaluations de qualité.

Les résultats principaux obtenus mettent au centre du débat la relation entre la perception des enseignants des tensions associées à la problématique et leur capacité de voir dans cette tension une opportunité pour le développement de l'organisation comme de son évaluation.

Présentation de la problématique et du cadre conceptuel

Problématique

Ces dernières années nous avons été confrontés à la montée en puissance du concept d'évaluation à l'égard des établissements scolaires. Ces évaluations ne visent pas exclusivement les apprentissages acquis des élèves, mais l'efficience et la capacité des organisations de gérer ce processus dans un cadre local de difficultés tant au niveau des différences liées aux élèves (les élèves ne comptent pas sur eux avec un même socle de compétences et d'expériences), qu'au niveau financier (les Etats ont de difficulté d'accorder aux établissements beaucoup de ressources).

Dans ce processus de transformation du concept de l'évaluation, l'Etat est devenu un acteur principal de celle-ci. D'une part, il a pris distance des écoles en laissant à celles-ci la gestion et la recherche de solutions aux problèmes locaux. D'autre part, il devient un Etat contrôleur et exige que les écoles lui rendent compte des résultats obtenus en fonction des moyens dispensés.

Ce contrôle réalisé de l'Etat vers les écoles a pris comme moyen principal une série d'évaluations de qualité associée aux acquis des élèves où les résultats obtenus sont mis à la disposition des parents en les comparants avec d'autres résultats d'écoles similaires (en fonction du type d'élève, de la localisation géographique, etc.), notamment le cas du Chili.

Les enseignants et les tensions associées aux évaluations des établissements scolaires.


Cette pratique d'évaluation de la qualité de l'éducation, qui ne caractérise pas exclusivement le Chili, car elle est devenu une pratique courante de plusieurs pays américains et européens, est source de tensions et d'incertitudes dans les écoles dont les enseignants sont les acteurs les plus touchés.
Si nous prenons les différences des réalités locales des établissements, certainement le niveau culturel, social des élèves, et les différences au niveau des objectifs poursuivis par les établissements rédigés dans les projets éducatifs, nous pouvons comprendre l'état d'incertitude auquel les écoles sont confrontées.

Comment répond l'organisation scolaire face à cette tension ? Comment résoudre ce problème ? Sur quoi donc évaluer les établissements scolaires ? Qu'est-ce que nous pouvons comprendre par qualité de l'éducation ? Est-ce que, si les indices de qualité (la réussite des élèves aux évaluations) montrent de bons résultats, nous serions face à un enseignement de qualité ?

Si nous considérons que l'organisation comme telle est toujours en mouvement, en construction permanente, l'évaluation est un avis à un moment déterminé qui peut ou non produire des actions, tant internes qu'externes dans l'organisation, et que les actions externes pourront exister depuis l'accompagnement dans la gestion (une sorte d'intervention), jusqu'à la fermeture de l'organisation.
Mais comment les écoles gèrent-elles ces incertitudes, ces tensions ? Ceci est le centre de notre problématique, pouvoir comprendre la perception de tensions comme des actions suivies par les acteurs dans les écoles, lors de la confrontation à celles-ci.

Cadre conceptuel

Notre démarche est basée principalement sur trois courants théoriques, d'une part le courant des écoles school effectiveness and school improvement, car ces courants nous fournissent des éléments théoriques et pratiques, prises tant individuellement que dans la perspective actuelle de complémentarité, pour la compréhension de la recherche d'effectivité dans le contexte de l'amélioration éducative des établissements. Un autre courant, que nous reprenons comme celui de l'organisation apprenante nous permet nous approcher du concept de la transformation des tensions en un champ de possibilité pour le développement institutionnel, pour l'innovation et pour le changement, et ceci dans un registre de logiques de fonctionnement des organisations au-delà de la logique bureaucratique et professionnelle. Et finalement nous prenons en considération la logique stratégique des acteurs, car ceci nous permet comprendre les logiques des actions entreprises par ceux-ci dans les organisations éducatives, dans une perspective à la fois de coopération et des jeux de pouvoirs.

Méthodologie utilisée

Nous avons abordé, cette problématique, dans la perspective d'une recherche exploratoire, à partir d'une réalité spécifique au Chili, à travers l'étude de cas de deux écoles de "financement partagé" entre l'Etat et les parents des élèves.

Nous avons choisi une perspective à la fois qualitative et quantitative. Nous avons mis en pratique deux méthodes dans notre collecte de données : l'enquête par questionnaire et interviews, et l'analyse de document (notamment le projet éducatif et le règlement interne des établissements).
Nous avons abordé la problématique à partir du système de l'évaluation de la qualité de l'éducation au Chili, le SIMCE1, et nous avons cherché à comprendre la représentation que les enseignants se font de cette évaluation et de sa relation avec l'établissement scolaire.

Nous avons mis en rapport la manière dont les enseignants perçoivent la tension, produit par la confrontation à cette évaluation de la qualité, et dont ils répondent dans le champ de leurs écoles.

1 Ceci est un système de contrôle de la qualité de l'éducation du Chili qui se traduit dans une épreuve aux élèves des établissements scolaires de tout le pays, en fonction des objectifs et des contenus éducationnels minimums du programme d'enseignement national 2

Les enseignants et les tensions associées aux évaluations des établissements scolaires.

3
Principaux résultats et conclusions

Nous avons pu repérer quelques éléments très importants dans le contexte de la problématique exposée.

Tout d'abord nous avons pu constater de formes différentes de confrontation à l'évaluation du SIMCE. L'une de ces formes conduit les enseignants à une certaine indifférence à l'égard de cette évaluation en restant à l'écart de ses retombées. Une autre façon est plutôt conflictuelle, lorsque la relation au SIMCE devient une source de conflit interne pour l'organisation (tension mal vécue). Une troisième manière de se confronter au SIMCE observé des écoles, conduit à percevoir le SIMCE comme un instrument de régulation et de changement institutionnel.

Dans ce contexte, nous pouvons dégager dans une des écoles, que l'intérêt principal des acteurs n'est pas le SIMCE mais le projet éducatif propre, et le SIMCE devient ainsi un instrument qui permettra de réguler l'organisation dans la poursuite de ses objectifs.

Cette dernière situation met en place le surgissement du projet éducatif de l'établissement, au moins dans le contexte des idées (mission) partagées par les acteurs et qui les orientent, comme source et indicateur de qualité pour l'école.

Un autre élément que nous avons pu dégager est associé à la perception de la tension à l'égard de la confrontation à l'évaluation du SIMCE. Nous avons pu observer que les acteurs de l'école, davantage orientée par son projet éducatif, maintiennent une relation plus étendue avec le SIMCE que les acteurs de l'autre école.

Dans ce contexte, parler d'évaluation de la qualité de l'éducation, n'aura pas de sens si cette discussion ne prend pas en compte l'auto-évaluation dans les établissements comme une méthode de pris en compte de la vision des acteurs concernés.

Peut-être que le concept de qualité devra également être lié à la capacité des établissements scolaires de se transformer, de changer de manière à obtenir des résultats au niveau local (projet éducatif de l'établissement) comme national (projet éducatif de la nation).

Références bibliographiques
Demailly, lise 2000. Suffit-il évaluer ?. Paris : De Boeck Université.
Bonami, M. et Garant, M. (1996). Système et pilotage de l'innovation.
Émergence et implantation du changement. Bruxelles : De Boeck Université.
Huber, SG. (1998). Dovetailing School Effectiveness and School Improvement, ICSEI 98.
Friedberg, E. (1997). Le pouvoir et la règle. Dynamique de l'action organisée. Paris : Seuil.
Senge, P. (1990). La cinquième discipline. Paris : First

CRÉATION D'UN LABORATOIRE FRANCO-CHILIEN POUR ÉTUDIER LES SÉISMES DE SUBDUCTION


100 ans après le séisme de Valparaiso, le CNRS-INSU, l'Institut de physique du globe de Paris, l'Ecole normale supérieure et l'Université du Chili s'associent pour créer le laboratoire Montessus de Ballore. Célébrant la mémoire de l'ingénieur français qui installa le premier réseau sismologique du Chili, ce laboratoire verra le jour à l'occasion d'un colloque franco-chilien sur la recherche dans le domaine des séismes de subduction, organisé à Santiago du 6 au 8 novembre 2006.

En 1906, trois grands séismes secouent la côte pacifique américaine, le 31 janvier en Colombie et en Equateur, le 18 avril à San Francisco et le 16 août à Valparaíso. Dans les trois cas, les villes sont détruites, faisant beaucoup de victimes. Le Chili, l'un des pays les plus sismiques au monde, décide alors de confier au polytechnicien français, Fernand de Montessus de Ballore, l'installation d'un réseau de stations sismologiques.

Régulièrement modernisé, le réseau sismologique de Montessus de Ballore fonctionne toujours aujourd'hui. Depuis sa création, le Chili est resté en relation étroite avec la France et l'Europe dans le domaine de la sismologie. Pour preuve, les sismologues français et chiliens organisent conjointement, du 6 au 8 novembre 2006, un colloque pour les 100 ans du séisme de Valparaiso et à la mémoire de Montessus de Ballore. Il portera sur les dernières avancées en matière de compréhension et de prédiction des tremblements de terre de subduction, liées essentiellement à des mesures de plus en plus précises de la déformation de la croûte terrestre. Les séismes de subduction se produisent lorsqu'une plaque (en général océanique) glisse sous une plaque adjacente. Les zones de subduction concentrent l'essentiel de l'activité sismique de la planète (90 %, dont 80 % autour du Pacifique) et produisent les séismes de très forte magnitude. On connaît historiquement des séismes qui ont atteint des magnitudes supérieures à 9 (deux au siècle dernier au large du Chili et de l'Alaska et déjà un en ce début de siècle au large de Sumatra).

Le Laboratoire international associé (LIA) « Montessus de Ballore » (CNRS-INSU/IPGP/ENS/Université du Chili) sera officiellement crée à l'occasion du colloque. Il est constitué des équipes de l'Institut de physique du globe de Paris(1), du Laboratoire de géologie de l'Ecole normale supérieure(2), des départements de géophysique et de géologie de l'Université du Chili.

Les objectifs du nouveau laboratoire franco-chilien sont :

- l'observation et la modélisation des processus associés à la genèse et à la dynamique des tremblements de terre de subduction ;


- la prédiction et la prévention du risque associé aux grandes zones de subduction ;


- la détection des tremblements de terre susceptibles de générer des tsunamis ;


- la compréhension du fonctionnement de ces grandes zones de subduction.


Le laboratoire se focalisera sur les régions qui ont déjà fait l'objet d'un effort continu d'instrumentation de la part des équipes franco-chiliennes : la région Nord-Chili, avec la lacune(3) de Tarapacá ; la région Central-Chili, avec les lacunes de Coquimbo au Nord et de Constitución-Concepción au Sud, et entre les deux, la région métropolitaine de Santiago. Ces régions, proches de la rupture (où un tremblement de terre de subduction est susceptible de se produire), ont été identifiées comme telles depuis une dizaine d'année. Les chercheurs espèrent ainsi observer un grand tremblement de terre de subduction, afin d'en étudier sa préparation et sa relaxation.

LA COLLABORATION FRANCO-CHILIENNE

Sur les traces de Montessus de Ballore, les équipes françaises(4) ont une longue histoire de collaboration scientifique avec les équipes chiliennes des départements de géophysique et de géologie de l'Université du Chili. Depuis plus de 15 ans, elles ont réalisé ensembles des campagnes de terrain en sismologie, géodésie et tectonique. En particulier, elles ont installé deux stations sismologiques du réseau GEOSCOPE et des réseaux permanents de stations GPS.

Après divers soutiens aux recherches franco-chiliennes(5), un programme de l'Agence nationale pour la recherche est en cours pour étudier la genèse d'un grand séisme de subduction. En outre, le GeoForschungsZentrum allemand et le CNRS-INSU ont récemment collaboré pour installer un réseau permanent de stations large-bande et GPS télémétrées(6) au Nord Chili.

Cette longue collaboration franco-chilienne a porté ses fruits : les chercheurs ont détecté des déformations pré-, co- et post-sismiques au sol avant et après les séismes d'Antofagasta (Chili, juillet 1995) et d'Arequipa (Pérou, janvier 2001), ont analysé le séisme de Punitaqui (Chili, octobre 1997) et les essaims(7) sismiques de la lacune de Coquimbo. A la suite du séisme de Tarapacá (2005) dans la lacune du Nord Chili, localisé sous le réseau GPS permanent installé par l'IPGP, l'IRD et l'Université du Chili, le déploiement d'un réseau sismologique temporaire, lors d'une rapide intervention post-sismique a permis pour la première fois de contraindre le mécanisme de ce séisme intraplaques et d'enregistrer encore aujourd'hui une activité sismique soutenue.


Notes :
1) Laboratoire commun CNRS/IPGP/universités Paris VI er VII/Université de la Réunion

2) Laboratoire commun CNRS/ENS

3) une lacune est une zone dans laquelle il n'y a pas eu de grand tremblement de terre depuis longtemps

4) soutenues par le CNRS-INSU, le ministère des Affaires étrangères et la Comisión Nacional de Investigación Científica y Tecnológica au Chili,

5) programme ECOS-Sud de l'Union européenne ; programme Lithoscope puis Dynamique et evolution de la terre interne (DyETI) du CNRS-INSU ; Programme international de coopération scientifique (PICS) et de l'action concertée initiative Prévention des catastrophes naturelles (CATNAT) du CNRS et Programme CONICYT pour la partie chilienne.

6) (où les données sont transmises par sattelite)

7) un essaim est une activité sismique qui procède par bouffées

vendredi, novembre 03, 2006

ERNESTO CARDENAL CONTRE DANIEL ORTEGA


IMAGE DE ROGER
PEREZ DE LA ROCHA 


Campagne électorale au Nicaragua : Sandinistes ! Ne votez pas pour le faux sandinisme !


de Ernesto Cardenal



À l’approche des élections législatives et présidentielles au Nicaragua, qui se dérouleront le 27 novembre prochain, le grand poète nicaraguayen Ernesto Cardenal, par ailleurs prêtre catholique et qui a été ministre de la Culture du gouvernement sandiniste révolutionnaire des années 1980, prend position contre la caricature du sandinisme, incarnée selon lui par l’ex-président Daniel Ortega, auquel il oppose les vrais valeurs du sandinisme.


Les sandinistes ne doivent pas se tromper : le FSLN de Daniel Ortega n’est pas le sandinisme, mais sa trahison. Voter pour Daniel Ortega c’est voter pour Alemán [1] . Les deux ont conclu un pacte toujours en vigueur.

Par ce pacte Daniel a gouverné avec Alemán. Ils contrôlent la Cour Suprême de Justice, l’Assemblée Nationale, la Cour des Comptes, le Ministère Public, le Bureau des Droits Humains et le Conseil Suprême Electoral. C’est à ce pacte qu’Aleman qui a été condamné à 20 ans de prison, doit d’être libre et que Byron Jerez a été acquitté de tout. C’est pour ça qu’Alemán a pu voler effrontément tout ce qu’il a voulu, sans aucune opposition sandiniste, et qu’en même temps se sont enrichis démesurément ceux du bloc d’entrepreneurs sandinistes, qu’ont été maintenus les mégasalaires, qu’il n’y a pas eu d’opposition aux contraintes du FMI et de la Banque Mondiale. D’où la pauvreté dans laquelle nous nous trouvons.

Avez-vous vu la plate-forme de gouvernement de Daniel, outre l’alliance avec Alemán ? On y rencontre des gens de la contra (ceux qui ont torturé et massacré), des somozistes (anciens de la dictature de Somoza, qui a duré 40 ans, NdT) et des gardes de l’EEBI (Garde personnelle de Somoza, formant ensuite la contra financée par les USA pour renverser le régime sandiniste, NdT). Daniel lui-même s’est rapproché d’"El Chigüin" [2], qui a dit qu’il lui avait fait une très bonne impression. Sandinistes : Votez pour le véritable sandinisme !

Le sandinisme authentique est celui du parti [3] de Herty Lewites, son candidat spirituel, de Mundo Jarquin, choisi par lui, et de Carlos Mejia Godoy, avec la comandante guerrillera Dora Maria Téllez, présidente du parti, et les comandantes de la Révolution Henri Ruiz (Modesto), Victor Tirado Lopez et Luis Carrion, la comandante guerrillera Monica Baltodano, el comandante guerrillero René Vivas, Victor Hugo Tinoco, Sergio Ramirez, Gioconda Belli, Luis Enrique Mejia Godoy, Luis Rocha, Fernando Cardenal, Carlos Tünnermann, Miguel Ernesto Vigil, Daisy Zamora, Vidaluz Meneses et tant d’autres, écrivains, artistes, ambassadeurs et ministres du gouvernement de la révolution ; ceux qui n’ont pas participé au pillage [4] , ceux qui n’ont pas pactisé avec l’ennemi, dont beaucoup de gens simples.

Le mot d’ordre du sandinisme de Daniel (ce que n’aurait jamais accepté Sandino) est qu’il n’y a pas d’ennemis. UNITE, NICARAGUA REUSSIT est la devise de sa campagne à travers tout le pays. Trois mots courts qui sont trois gros bobards. Il est admirable qu’en si peu de mots il y ait autant de mensonges. UNITE est un mot trompeur. Daniel a désuni le sandinisme. Il a expulsé Herty parce que ce denier s’est proposé comme candidat de son parti. Et son caudillisme a éloigné des milliers du parti. NICARAGUA ici ne veut rien dire. Pour Daniel ce mot veut dire lui, la Rosario (la poétesse Rosario Murillo, son épouse, NdT) et leur petit groupe de pillards. REUSSIT est un mot qui n’a pas de sens, qui veut dire seulement qu’il réussira lui, la Rosario et les pillards, aux frais de tout le Nicaragua.

Et parler du "Nicaragua uni" n’est pas révolutionnaire. Union des exploiteurs et des exploités ? Union avec les voleurs ? Avec les somozistes ? Avec les criminels ? Les riches et les pauvres devraient fraterniser, alors que les riches sont toujours riches et les pauvres toujours pauvres ? Est-ce cela la révolution ? Est-ce cela le sandinisme ? La paix qu’ils prêchent est une trahison. Comme celle de l’Epine Noire (référence à un épisode de la lutte de Sandino, NdT). Souvenons-nous de Sandino : "La lutte continue" [5] .

Le programme Ortega-Murillo est rempli de mots d’amour : réconciliation, union, piété religieuse, mais dans le fond il est rancoeur, désir de vengeance, omnipotence, intolérance. Derrière eux transparaît l’absence d’éthique, l’hypocrisie et des fadaises roses pâles.

Le Cardinal Obando, qui est un autre allié de Daniel, déteste viscéralement le sandinisme, il lui a fait beaucoup de mal, et c’est d’ailleurs son antisandinisme qui en fit un Cardinal. On a été stupéfiés par cette campagne à la radio, à la télévision, déployée partout à grande échelle : Obando, prince de la réconciliation, le FSLN t’appuie. Comme aussi par la pétition de Daniel pour qu’on décerne le Prix Nobel de la Paix à ce champion de l’antisandinisme et protecteur de la contra. Et c’est à Daniel que l’on doit que le président du Conseil Suprême Electoral soit Robero Rivas, le protégé de Obando.

A chaque élection Daniel change de veste, faisant ainsi croire qu’il a changé. La vérité est qu’il n’y a rien de vrai en lui. Il a trahi la révolution. Il a d’abord enlevé de l’hymne sandiniste le vers du "yankee ennemi de l’humanité", puis il a purement et simplement abandonné l’hymne sandiniste et l’a remplacé par d’autres musiques. Il a renoncé au drapeau rouge-noir pour la couleur rose.

Par sa démagogie (qui contredit ses faits) Daniel a trompé les leaders de la gauche latino-américaine, qui croient qu’il représente ici la gauche. Nous comprenons, comme ils sont loins, qu’ils puissent être trompés, mais les sandinistes nicaraguayens ne peuvent être trompés.

Il est certain que nos masses ont été depuis longtemps abandonnées politiquement, du fait que beaucoup étaient soumis au caudillisme d’Ortega. Mais en allant voter ils doivent avoir à l’esprit que Daniel et Aleman sont associés. Toux deux agissent en marge de la loi. Ce sont deux mafias. Tout le pays a vu cette photographie éhontée : en gros plan les deux ensemble assis à la même table, joyeux comme dans un festin.

Il est faux que les sandinistes doivent "serrer les rangs" Comme révolutionnaires maintenant ils doivent se rebeller.

Si on les a achetés avec quelque pot-de-vin, ou si on les menace de quelque chantage, qu’ils se rappellent qu’à l’heure de voter le vote est SECRET. C’est l’occasion de nous débarrasser des caudillos, Daniel et Alemán.

A qui doit-on que la Cimenterie nationale a été restituée à la famille Somoza ? Vous avez vu comment les narcotrafiquants viennent au Nicaragua. Certains arrivent avec un avion rempli de cocaïne, et ensuite ils abandonnent l’appareil. Et aucun trafiquant n’est en prison. Chaque narcotrafiquant fait prisonnier a son prix. Beaucoup pour reste libres doivent payer des millions de dollars.

Ne croyez pas ces discours d’une démagogie braillarde dont la voix creuse et vaine et la rengaine désuète sonnent faux. Comme l’a très bien dit Gioconda Belli : "Nous ne pouvons croire les promesses de ceux qui nous ont déjà trompés". Comment croire Daniel Ortega quand il jure qu’il est avec les pauvres et arrive dans les quartiers pauvres en Mercedes Benz ?

Il est triste de voir des guérilleros que nous admirons être aujourd’hui les nouveaux riches du Nicaragua ; être aujourd’hui des patrons millionnaires. L’un d’entre eux est même l’une des personnes les plus riches d’Amérique centrale. Et que dire de ceux qui pour un baptème, un bal des débutantes ou une noce dépensent 15.000 ou 20.000 dollars ? Est-ce pour cela que tant de sang a coulé ?

Il y a d’importants sandinistes qui ont des enfants à l’étranger avec des bourses qui ont été créées pour les pauvres, lesquels ne peuvent pas payer leurs études. C’est voler les bourses des pauvres. Daniel Ortega lui-même a un fils qui bénéficie d’une bourse du gouvernement espagnol réservée aux pauvres.

Les actions d’éclat du FSLN de Carlos Fonseca [5] et de milliers de héros et martyrs sont aujourd’hui réduites au couple Ortega-Murillo, et il n’y a plus qu’eux qui commandent.
Mais si c’est un grand malheur que le FSLN soit corrompu à ce point, un malheur encore plus grand serait que ce FSLN si corrompu revienne au gouvernement. C’est très mauvais que nous ayons perdu la révolution, mais une fausse révolution, c’est bien pire. Et c’est encore plus mauvais si cette révolution falsifiée nous gouverne.

Le Front Sandiniste doit redevenir ce qu’il était, pour que ceux qui sont morts pour cette cause ne soient pas morts en vain.

Herty Lewites, celui au visage joyeux (et si sympathique que même ses ennemis l’appréciaient), avec son coeur malade, a risqué sa vie pour le sauvetage du Sandinisme, et a donné sa vie pour lui. Sa mort a été un grand choc. Mais il est aujourd’hui le candidat spirituel de ce mouvement. Mundo Jarquin, qu’il avait choisi comme vice-président, l’a remplacé. Un professionnel engagé avec les pauvres toute sa vie, et qui saurait gouverner professionnellement, sans autre pacte qu’avec le peuple. C’est le seul candidat aux mains propres, comme vient de le dire Bianca Jagger [6], une femme très belle, ce qui l’a rendue célèbre dans le monde entier, mais qui a la réputation plus grande encore de défendre toutes les belles causes du monde. Et comme vice-président, nous aurions Carlos Mejia Godoy, le grand chanteur national du Nicaragua et de la révolution.

Chacun est libre de voter pour qui il veut, mais nul ne doit voter contre sa conscience. Si on est sandiniste, on ne doit pas voter pour ceux qui ont trahi le sandinisme et nos morts.

Ce qui est en jeu, c’est l’avenir du Nicaragua et du grand mouvement fondé par Sandino.

Notes du traducteur

[1] Arnoldo Alemán, du Parti Libéral, a été Président du Nicaragua de 1996 à 2001. Il a été condamné en 2003 à 20 ans de prison et assigné à résidence, pour blanchiment, fraude et détournement de fonds estimés à 100 millions de dollars selon Transparency International. Cette condamnation n’a pas empêché Daniel Ortega (Président du Nicaragua sandiniste de 1985 à 1990) d’accepter la prorogation du pacte de partage du pouvoir conclu en 1996 avec Aleman et son parti. Le FSLN de Daniel Ortega est membre de l’Internationale Socialiste.

[2] El Chigüin (monstre familier des contes de fées en Amérique centrale) est le fils aîné du dictateur Anastasio Somoza Debayle, dénommé par le peuple "Gouverneur des cimetières", et renversé le 19-7-1979 par les sandinistes. El Chigüin dirigea les camps de base des ex-gardes somozistes avec le renfort de mercenaires vietnamiens, sud-coréens et ex-cubains dans la région frontalière entre le Nicaragua et le Honduras. Ces camps étaient financés par la CIA et les troupes encadrées par des bérets verts US et des officiers argentins...

[3] Il s’agit du MRS-El Movimiento Renovador Sandinista, un parti dissident du FSLN, fondé en 1995 par Sergio Ramirez, ex vice-président de la République et écrivain, qu’Ernesto Cardenal et Herty Lewites ont rejoint. Ce dernier, ancien maire de Managua devait être le candidat du MRS à l’élection présidentielle de novembre, mais est décédé d’un infarctus en juillet dernier. Le candidat du MRS est donc Edmundo Jarquin, avocat et économiste, gendre de l’ex-présidente Violeta Chamorro, ancien ministre, député et ambassadeur.

[4] Ernesto Cardenal parle de "la piñata" pour désigner quelques centaines d’individus issus du sandinisme, qui à la fin du gouvernement sandiniste et durant la période de transition, se sont appropriés argent, maisons, biens de l’Etat, fincas (terres agricoles) et autres biens sociaux, comme des médias. Le mot "piñata", qui exprime le pillage, est une allusion au jeu enfantin populaire qui consiste à casser des pots pour ramasser la mise.

[5] Les sandinistes avaient l’habitude de dire, dans les années de la révolution : "Sandino vive, la lucha sigue", "Sandino vit, la lutte continue". On entend la même chose ces dernières années au Venezuela avec Bolivar : "Bolivar vive, la lucha sigue" et ces derniers jours au Mexique : "Oaxaca vive, la lucha sigue".
[6] Carlos Fonseca Amador est un des trois fondateurs du FSLN en 1961 (les deux autres étant Silvio Mayorga et Tomas Borge) et sera le chef de l’armée de libération de 1961 à sa mort au combat à Zelaya, en novembre 1976. Il est aussi l’auteur de livres importants, notamment sur la pensée de Sandino.
[7] Bianca Jagger (ex-femme du célèbre chanteur des Rolling Stones), née en 1950 au Nicaragua, vaut infiniment mieux que les pages qui lui sont consacrées par la presse people. Championne des droits humains, des droits des femmes et de la paix, elle a obtenu le prix Nobel alternatif en 2004.


Traduit de l’espagnol en français par Gérard Jugant, membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est en Copyleft pour tout usage non-commercial : elle est libre de toute reproduction, à condition de respecter son intégrité et de mentionner auteurs et sources. URL de cet article : http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=1431&lg=fr

De : Ernesto Cardenal vendredi 3 novembre 2006

mercredi, novembre 01, 2006

Photo : EFE

La Havane (PL) – Le gala inaugural du XXème Festival de Ballet de La Havane émeut encore aujourd’hui, après la première de « Mozart divertimento », d´Alicia Alonso, consacré au 250ème anniversaire de la naissance du génie autrichien.

Ce rendez-vous de la danse, l’un des plus anciens du monde, a consacré sa première non seulement à l´auteur du Requiem, mais aussi au 45ème anniversaire de l´acte de soutient que fit le peuple cubain au ballet national devant une tentative de chantage du dictateur Fulgencio Batista (1952-1958).

Lors du discours d´ouverture, Carlos Lage Codorniú, président de la Fédération Estudiantine Universitaire (FEU), souligna l´admiration du président Fidel Castro par Alicia Alonso et le Ballet National de Cuba (BNC). Le dirigeant juvénile souligna aussi que durant le Festival on dansera pour la prompte récupération du leader cubain, l’habituel spectateur et animateur du ballet de l´île.

Durant le gala d’inauguration défilèrent et dansèrent 650 enfants de la Chaire Professionnelle Alicia Alonso, de l´École Nationale de Ballet, 250 élèves du niveau élémentaire et le BNC dans son ensemble.

Alicia Alonso, directrice générale de la compagnie, ferma le défilé dans lequel nous voyons que la relève dans cet art est assurée en quantité et en qualité.

Source: PL